Le vieillissement et ses maux
Psychologue spécialisée en gérontologie propose un blog d'informations sur le vieillissement
mardi 28 mai 2013
samedi 25 mai 2013
psychologue à domicile
Psychologue clinicienne libérale à domicile,
Je propose des consultations à domicile pour personnes âgées, publics souvent fragilisés par la question de l'institutionnalisation, par les conséquences du vieillissement et par les différentes pertes auxquelles ils sont confrontés.
Je propose également un soutien psychologique aux aidants.
La famille et Les aidants : dans le cadre de la démence
Dans le cadre de la prise en charge de personnes atteintes de démences de
type Alzheimer ou démences apparentées, il est primordial de collaborer avec
les familles, afin de proposer un accompagnement adapté. La démence d’un parent
reste douloureuse pour les enfants, le conjoint ou les frères et soeurs. La
famille, environnement essentiel dans l’accompagnement de la maladie joue un
rôle clé dans la prise en charge. Au moment du diagnostic, le conjoint, les
enfants deviennent aidant (Ylieff, 2000), un nouveau statut pour accompagner la
personne dans la maladie. Le retentissement de la maladie sur la famille est
considérable. La démence devient la maladie de la famille.
Aux côtés du patient, la famille est un nouvel acteur très présent et
très impliqué dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. C'est souvent
la famille qui effectue la demande de l'avis médical. Le spécialiste prendra les
décisions avec les membres de la famille. Au-delà de l’aide qu’il apporte,
l’aidant est un témoin privilégié. Il joue un rôle majeur d’informant, d’évaluateur
auprès du médecin ou des services d’aide qui le sollicitent pour évaluer les
incapacités de la personne malade ou pour détecter les complications de la
maladie, comme les troubles du comportement.
Par exemple, Madame B, accompagne son mari, 66 ans atteint d’une démence
fronto-temporale. Lors du bilan du premier mois, elle nous a apporté des
informations utiles sur le comportement de son mari au domicile. Elle nous a
fait part des activités qu’elle mettait en place pour communiquer avec lui.
Elle nous a transmis des idées d’activités qui canalisaient les débordements
comportementaux de son mari : l’écriture, la lecture, et les dessins.
L’animatrice a donc pu proposer des activités à Monsieur B adapté et permettant
une meilleure concentration.
Le plan Solidarité Grand-Age présenté en juin 2006 (Ministre délégué à la
Sécurité sociale, aux Personnes âgées,aux Personnes handicapées et à la Famille),
souligne la nécessité de soutenir les aidants familiaux, en créant notamment un
droit de répit pour ces aidants avec ce que l’on appelle hébergement
temporaire, qui souvent repose sur un mois d’accueil.
La présence d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer a des répercussions
sur l’état psychologique de ses proches. Les proches du malade, constatant le déclin
cognitif ainsi que l’apparition de troubles du comportement de plus en plus
nombreux, craignent les conséquences dans l’avenir en terme de prise en charge et
éprouvent des difficultés à faire face à cette maladie. Les aidants ressentent
une détresse d’assister à la souffrance et à l’effondrement psychique de l’être
cher. Leur qualité de vie est amoindrie à un âge où certains aspirent à une vie
plus calme ou plus centrée sur soi-même. Ils doivent faire face à la charge
quotidienne, aux inquiétudes incessantes et aux poids de décisions difficiles. Certains
ressentent une culpabilité, d’autres éprouvent une honte. C’est le cas de
Madame B qui, face aux comportements de désinhibition de son mari, éprouvait un
sentiment de honte à l’égard des autres. Elle a l’impression de ne plus le
reconnaître et de ne plus savoir qui il est, une sensation d’avoir une autre
personne en face d’elle.
Même s’il existe
d’importantes variations interindividuelles, les aidants peuvent avoir le
sentiment que les rôles s’inversent ; ils expriment le sentiment de devenir le
parent de la personne aidée (Crochot, Bouteyre, 2005), avec souvent un
sentiment d’être constamment occupé, d’avoir moins d’activités de loisir, et
progressivement, un sentiment d’isolement par rapport aux amis et à la famille
peut apparaître. Certaines personnes évoquent également une vie de famille
compliquée, le conjoint parfois délaissé ressent des difficultés à trouver une
place au milieu de cette dyade. Une réorganisation familiale s’impose avec la
définition de nouveaux rôles.
La dépendance de la
personne âgée provoque souvent un sentiment de fatigue morale chez les aidants
(Ylieff, 2000), avec une incidence négative sur leur bien-être. Ce sentiment de
fatigue morale touche en outre plus souvent les conjoints que les enfants.
Il est important de repérer le niveau de fardeau (échelle de Zarit), car c’est
un déterminant majeur de rupture de l’aide à domicile se traduisant par un
placement en institution. Dans une population d’aidants de personnes atteintes
de démence, les raisons qui conduisent à un placement sont : le besoin de soins
adaptés et spécifiques (65 %), la santé de l’aidant (49 %), les troubles du
comportement du patient (46 %), l’avis favorable de l’entourage vis-à-vis du
placement (37 %) et le besoin de plus d’aide (23 %). La décision de
l’institution n’est pas une décision facile pour la famille : le plus
souvent source d’un fort sentiment de culpabilité.
Par exemple, Madame H ayant pris en charge sa sœur, de 61 ans
diagnostiquée avec une démence de type Alzheimer à l’âge de 55 ans. Madame H
s’occupe de sa sœur depuis quelques années, elle passe beaucoup de temps avec
elle, l’emmène dans ses activités. Elle refuse l’institution et les aides à
domicile, car elle estime qu’elle peut assumer seule cet accompagnement.
Lorsqu’elle se sent fatiguée, elle demande à sa nièce de prendre le relais avec
sa mère pendant quelques jours. Madame H, parfois, est en colère contre la
maladie, est excédée par les oublis de sa sœur, ce qui provoque une fatigue et
parfois une lassitude. Elle exprime très clairement ressentir parfois une envie
de violence, non contre sa sœur, mais contre la maladie qui prend le dessus.
Troubles psycho comportementaux : expression d’une souffrance
L’association psychogériatrique internationale définit les troubles
comportementaux et psychologiques de la démence comme des signes et symptômes
évocateurs de troubles de la perception, du contenu des pensées, de l’humeur et
des comportements.
Les troubles comportementaux ne sont pas sans cause et possèdent toujours
un but, et se révèlent le plus souvent par des facteurs déclencheurs (Rawling,
2001). Ils peuvent apparaître suite à un épisode confusionnel dû à une
altération du fonctionnement cognitif et une fébrilité du sujet. Par ailleurs,
ils peuvent exprimer des pathologies somatiques (incontinence, douleurs) ou un
déficit sensoriel avec des difficultés à appréhender son environnement. Les
troubles comportementaux peuvent s’expliquer par un sentiment de solitude, et
d’insécurité ressentie par la personne démente dévoilant une angoisse
d’abandon. Notamment, les changements de situation peuvent déclencher des
délires d’adaptation (Géneau, 2001). L’agressivité n’est pas rare lorsque le
sujet se sent exclu ou isolé par son entourage. La personnalité prémorbide peut
aussi jouer un rôle, s’exprimant par un isolement méfiant pour des personnes
introverties ou une tendance à l’expression coléreuse pour une personne
extravertie (Léger et al, 2001). D'une manière plus générale, l'incapacité à
communiquer verbalement les sentiments et les besoins peut favoriser ce type de
comportement. Par ailleurs, la perception de l'environnement comme étranger et
hostile, du fait de l'altération du fonctionnement cognitif, rend compte de
nombreuses réactions agressives.
En début de maladie, le sujet a conscience du handicap avec une incompréhension
des troubles suscitant une anxiété et/ou une forme d’agressivité face à l’échec
et au sentiment d’impuissance. L’agitation, trouble positif de la démence et le
plus fréquent, constitue un obstacle à la socialisation du sujet âgé en
institution (Léger et al, 2001). Avec l’agressivité, elles représentent la
principale cause de l’institutionnalisation en raison d’un épuisement de
l’environnement familial.
C’est le cas de Monsieur B, qui suite à des comportements très agressifs
envers son épouse a intégré l’unité protégée spécifique. Monsieur B, auparavant
se rendait à l’accueil de jour 2 fois par semaine. Mais la maladie a évolué
rapidement, provoquant de gros troubles de comportements : agressivité,
déambulation, fugue. Sa femme hésitante, mais au regard de l’évolution de la
démence de type Alzheimer, et de la répétition des crises, s’est décidée pour
une entrée en institution. Elle a exprimé clairement ce choix pour protéger
elle et son mari.
La prise en compte de ces signes et symptômes est nécessaire car ils contribuent
à l'augmentation de la désadaptation du patient à son environnement, à un
déclin cognitif plus rapide et aux conflits relationnels avec l'entourage
(Ohnen S.H., 2002). Les productions des déments ne sont pas identiques et sont
porteuses de sens pour chaque patient. Elles justifient un comportement
d'écoute pour adopter des attitudes d'accompagnement, en reconnaissant la
souffrance du dément (Poch, 2003).
Maladie de Parkinson
L’existence d’un syndrome parkinsonien témoigne d’un déficit
dopaminergique. Un syndrome parkinsonien se définit cliniquement par
l’association plus ou moins complète d’une akinésie/bradykinésie
(ralentissement à l’initiation/ralentissement à l’exécution, des mouvements),
d’une rigidité dite plastique et d’un tremblement de repos.
Le tremblement est un tremblement fin accentué par l’émotion et
s’atténuant aux mouvements. Il touche les extrémités et est particulièrement
visible au niveau des mains. La rigidité est une augmentation du tonus
musculaire, pouvant être douloureuse. L'akinésie, c'est-à-dire la rareté des
mouvements, donne au patient un visage figé, impassible, le clignement des yeux
est réduit, la marche est lente, et la voix de plus en plus faible et monotone.
D'autres symptômes accompagnent le syndrome parkinsonien : de la fatigue, de la
dépression, des symptômes neurovégétatifs et parfois des troubles démentiels.
Maladie à Corps de Lewy
La maladie à corps de Lewy est une affection dégénérative du cerveau.
Elle se caractérise par la présence dans les cellules nerveuses cérébrales de
lésions appelées les corps de Lewy. Elle se manifeste par une
fluctuation des capacités intellectuelles et de vigilance s’accompagnant de
difficultés d’attention, de concentration et une baisse des capacités à
planifier des actions. Par ailleurs, des signes pseudo-parkinsoniens entraînent
des désordres moteurs avec une raideur, un ralentissement de la vitesse
d’exécution des gestes. Ces manifestations peuvent avoir des conséquences
rapides sur la marche. Chez 80% des patients, des hallucinations visuelles ou
auditives persistantes sont présentes.
On assiste à une diminution progressive des capacités cognitives avec des
répercussions sur la vie sociale. Elle évolue par paliers s’exprimant par des
périodes de confusion importantes suivies de périodes de « récupération ». Il
est courant de voir apparaître des manifestations psychiatriques durant la
phase présymptomatique, qui persistent ensuite : humeur dépressive, troubles du
sommeil, idées délirantes de type paranoïde, comportements violents ou
agressifs, même si l'on observe souvent de grandes fluctuations dans
l'expression de ces manifestation.
Madame S, atteinte de la maladie de corps de Lewy, à un stade modéré
présente des difficultés
attentionnelles, et éprouve des difficultés à adhérer aux activités. Elle a
souvent des comportements agressifs, et présente une intolérance importante aux
autres. Elle est souvent dans la critique, et se plaint beaucoup de la présence
de certaines personnes. Son compagnon nous a indiqué le fait que Madame S
évoquait la présence d’une tierce personne chez elle, avec des comportements
inadaptés (café pour 3 personnes, table mise pour 3 personnes). Les troubles
mnésiques deviennent de plus en plus nombreux, et une perte d’autonomie
s’installe avec des difficultés à préparer les repas, et à faire le ménage.
Démences fronto-temporales
Les démences fronto temporales seraient la deuxième cause de démence
touchant les personnes âgées et toucheraient des personnes plus jeunes que la
DTA avec un âge moyen de 54 ans. Elle se traduit par la mort progressive des
neurones dans les régions frontales et temporales du cerveau, sièges des zones
de compréhension. En début de maladie, elle touche peu la mémoire, mais à une
conséquence directe sur les comportements.
Le début de cette maladie est très
insidieux, et se caractérise par des troubles de comportement, pouvant
facilement être interprétés comme une dépression. Elle se révèle sous forme
d’apathie, de repli sur soi et une difficulté à fixer son attention. On
retrouve des troubles de l’affectivité avec une émotivité et une irritabilité
excessive. Un comportement désinhibé, impulsif est fréquent se traduisant par
des attitudes sociales inappropriées (injures, critiques ouvertes). Il existe
très tôt des troubles du langage avec des difficultés à initier le discours et
une diminution de la fluence verbale. Des écholalies et des palilalies
apparaissent avec un appauvrissement important du langage.
Monsieur B, 66
ans se rend tous les mercredis à l’accueil de jour. Il est atteint d’une
démence fronto temporale à un stade bien avancé de la maladie. Il présente de
gros troubles de comportement, avec une forte désinhibition (commentaires
permanents lors de la lecture de journal). Monsieur B. est difficilement
intégré par le groupe à cause d’une incompréhension face à un discours
répétitif et des écholalies. Monsieur B éprouve des difficultés à adhérer à
certaines activités de part des capacités d’attention fortement altérées et un
langage largement affecté. Il présente des troubles de la marche et une
rigidité motrice due au stade avancé de la maladie. Monsieur B. se présente
très peu expressif.
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